À notre arrivée, nous étions déjà transformés par cette atmosphère, le vrai sens du mot « al fresco » prenant vie sous nos visages rosis par la chaleur. Mais tout inconfort, vite apaisé par un peu d’ombre et de l’eau glacée, fut balayé par la magie du lieu.
Ce n’est pas une galerie ordinaire : c’est un voyage intime au cœur et à l’âme de Bernar Venet, où des sculptures monumentales surgissent des pelouses impeccables et semblent dialoguer avec chaque rayon de soleil.
Le visionnaire derrière cet espace unique est Bernar Venet, figure incontournable de la sculpture monumentale en acier. Né en 1941 à Château-Arnoux-Saint-Auban, il explore dans sa jeunesse la peinture, la photographie et diverses formes d’art. Dans les années 1960, il traverse l’Atlantique et s’impose sur la scène conceptuelle new-yorkaise.
Après avoir exposé dans le monde entier, Venet revient dans sa Provence natale et transforme son domaine en un espace public, où ses œuvres cohabitent avec la beauté naturelle du lieu. Les jardins deviennent l’extension de son esprit créatif : un lieu où l’art et la nature se nourrissent mutuellement.
Se promener à la Fondation Venet, c’est vivre un jeu de surprises permanentes : une sculpture abstraite imposante au détour d’un chemin, une alcôve ombragée ornée d’une citation qui invite à réfléchir, comme : « Tout vouloir est le désir du fou. La modération est le trésor du sage. »
La lumière provençale sculpte elle-même les œuvres, jouant avec les surfaces métalliques pour révéler des nuances changeantes au fil de la journée. C’est un dialogue poétique entre l’acier et la nature, qui donne au visiteur l’impression de redécouvrir chaque œuvre à chaque instant.
Dispersées comme des trésors cachés dans le parc, elles enrichissent le lieu de perspectives nouvelles, tout en restant en parfaite harmonie avec l’esprit de la Fondation.
Cette diversité témoigne de la générosité de l’artiste, qui transforme son espace en un terrain de rencontre pour différentes sensibilités créatives.
Lors de notre visite, deux expositions secondaires nous ont particulièrement marqués : un hommage touchant à Arman, ami proche de Venet disparu en 2005, et une exposition intime consacrée au photographe Ralph Gibson. Ces détours artistiques apportent une respiration dans le parcours, et permettent d’apprécier d’autres formes d’expression, tout en restant connectés à l’émotion que suscite le lieu.