
Sa jeunesse l’a vu se plonger dans des études techniques avant un séjour d’un an au Royaume-Uni à l’âge de 19 ans, une période qui a sans aucun doute élargi ses horizons. Son parcours professionnel a débuté naturellement à la prestigieuse Maison De Greef, un nom synonyme de montres et de bijoux exquis. Commençant comme vendeur, il a rapidement gravi les échelons, finissant par prendre les rênes de l’entreprise familiale, un héritage qu’il a fièrement porté en tant que cinquième génération.
En mai 1963, il s’est marié et s’est lancé dans l’aventure de la parentalité, accueillant trois fils en succession rapide, chacun espacé de deux ans. Paul était un homme qui comprenait la valeur du temps, non seulement dans la mécanique complexe d’une montre, mais aussi dans son passage précieux. C’était un lecteur vorace, particulièrement en anglais, et sa soif de connaissances était insatiable. Il maîtrisait plusieurs langues et était un fervent adepte de l’apprentissage continu. Qu’il s’agisse des dernières théories de gestion, du monde complexe de la gemmologie, ou de tout ce qui pouvait donner à Maison De Greef un avantage concurrentiel, Paul absorbait tout. C’était un visionnaire qui comprenait que pour rester en tête, il fallait constamment évoluer et approfondir sa compréhension. Bien que Paul ne fût pas un sportif stéréotypé, ses passions étaient vibrantes et profondément personnelles. Grâce à son oncle Jean Wittmann, il a développé un amour profond pour la musique et l’art, qui, par un délicieux tournant, s’est étendu à une fervente appréciation des vieilles voitures et motos. Son garage était son sanctuaire, un endroit où il passait d’innombrables heures à restaurer méticuleusement ces beautés vintage. Imaginez-le, les mains graisseuses, un éclair dans les yeux, redonnant vie à un moteur classique. Le couronnement de ce dévouement était la joie pure de conduire ces trésors restaurés dans divers rallyes, le vent dans les cheveux, le rugissement du moteur une symphonie à ses oreilles.
C'est un témoignage de son esprit généreux qu'il ait patiemment enseigné à de nombreux jeunes du quartier à conduire, partageant son expertise et sa passion avec une nouvelle génération.
L'un de ses rituels les plus chers, une image vraiment charmante, était de conduire son Alvis décapotable au Sablon le dimanche, vêtu de ses plus beaux atours, simplement pour s'y procurer sa tarte aux fruits préférée. C'était un petit acte de joie pure, un moment de plaisir qui encapsulait parfaitement son appréciation des choses les plus raffinées et les plus simples de la vie.
Je suis éternellement reconnaissante que Paul ait vécu assez longtemps pour assister à la naissance de notre fils, Sacha, en 1998. Ce moment fut profondément significatif, car Sacha représentait la septième génération, assurant la continuation de l'héritage familial. Ce fut le bel aboutissement de son œuvre et un lien tangible avec l'avenir. Paul est décédé le 3 août 1998, laissant derrière lui un héritage de dévouement, d'intellect et un profond amour pour la famille et la tradition.
Lisez la suite, et vous comprendrez pourquoi ce surnom lui va si parfaitement. Né à Trichinopoly, en Inde, le 22 août 1939, dans une famille coloniale britannique, sa petite enfance fut, à tous égards, heureuse, malgré la présence redoutable d’une grand-mère extrêmement stricte. Sa prouesse intellectuelle fut évidente très tôt ; à l’âge tendre de 16 ans, ayant excellé dans ses études, il entreprit un long voyage en bateau vers l’Université d’Édimbourg pour y poursuivre des études d’ingénieur chimiste. Diplômé à un âge remarquablement jeune, il fut rapidement recruté par Hewlett Packard, marquant le début d’une carrière véritablement extraordinaire.
Il a énormément voyagé, se trouvant toujours, semble-t-il, au bon endroit au bon moment, politiquement parlant. Il est vraiment difficile de croire qu’il a mené une vie « normale ». Son histoire est celle d’un mouvement constant, d’un positionnement stratégique et d’une capacité étrange à naviguer dans des situations complexes. Il a été marié, a divorcé, puis a épousé ma mère quand j’étais une très jeune enfant.
Ensemble avec ma mère, notre propre Moneypenny, ils ont entrepris des voyages d’affaires dans des contrées lointaines qui duraient des mois. Ces absences, bien que parfois difficiles pour une jeune famille, ne faisaient qu’approfondir l’air de mystère entourant mon père. Lors des dîners de famille, il nous surprenait parfois en sortant un diplôme de piano, ou en parlant couramment une langue que nous ne savions pas qu’il connaissait. Ces moments suscitaient toujours la même question dans mon esprit : « Qui est cet homme que j’appelle mon père ? Ma mère et lui sont-ils des agents secrets ? » C’était une plaisanterie courante, mais née d’un véritable sentiment d’admiration devant sa nature aux multiples facettes et les profondeurs apparemment illimitées de ses expériences.
Au-delà de sa vie professionnelle énigmatique, mon père était un sportif redoutable. Il excellait au hockey sur gazon, préférait la puissance brute du rugby au rythme plus posé du football, et choisissait l’agilité du tennis plutôt que le golf (bien que le golf ait fini par entrer dans sa vie à la retraite, une fois qu’il eut « pris sa retraite » des sports plus exigeants physiquement). Le suivre sur les pistes de ski était une tâche herculéenne ; il était un flou de vitesse et de précision, glissant sans effort sur les pistes les plus difficiles.
Sa véritable passion, cependant, était la lecture, plus précisément, les livres d’espionnage. Il les dévorait, mais restait toujours méticuleusement informé des dernières nouvelles du monde, s’assurant qu’il avait perpétuellement une longueur d’avance sur tout le monde.
C’était comme s’il recueillait constamment des renseignements, même pendant ses loisirs.
Aujourd’hui, j’essaie de lui rendre visite aussi régulièrement que possible en France, et j’ai hâte de l’aider à souffler les bougies de son 86ᵉ gâteau d’anniversaire très bientôt. Chaque visite est une nouvelle occasion de découvrir une autre facette fascinante de cet homme incroyable, mon 007 personnel.
Nos Pères
Paul et David, bien que distincts, partageaient une profonde compréhension de la vie. Tous deux étaient des intellectuels, animés par le désir d'apprendre et d'exceller – Paul dans l'artisanat méticuleux, David dans les affaires mondiales complexes. C'étaient des leaders discrets, guidant par l'exemple, l'intégrité et la responsabilité. Leur entente tacite reflétait des valeurs communes de travail acharné et de force tranquille.
Ils nous ont inculqué l'importance de suivre nos passions, d'embrasser la connaissance et d'affronter les défis avec dignité. La main ferme de Paul a bâti un héritage de qualité ; la carrière dynamique de David a fait de la vie une aventure.
Paul nous a appris la beauté de la création et à savourer les petits moments, tandis que David a insufflé l'émerveillement et le désir d'explorer.
Plus que des pères, ils étaient des mentors et des piliers silencieux de force, priorisant toujours notre bien-être.
Leurs actions nous ont fourni une boussole de vie, encourageant l'indépendance, la pensée critique et l'amélioration de soi. De Paul, nous avons appris la valeur du patrimoine et de la patience ; de David, l'esprit d'aventure et de découverte. Ils ont été le socle sur lequel nous avons bâti nos vies, offrant à la fois stabilité et encouragement pour atteindre nos rêves.